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Loup "Tirs de défense" à l'étude pour les éleveurs

Le gouvernement envisage d'autoriser les éleveurs à tirer sur un loup lorsque leurs troupeaux ont été victimes d'attaques répétées du prédateur, selon un projet gouvernemental obtenu mercredi par l'AFP.

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Le "Projet de protocole technique d'intervention sur les loups" doit être présenté jeudi au Conseil national de la protection de la nature (CNPN), un organisme consultatif réunissant administration, élus, professionnels et ONG. Il est destiné à encadrer un prochain arrêté des ministres de l'Agriculture et de l'Ecologie, Dominique Bussereau et Nelly Olin, qui fixera le nombre maximum de loups susceptibles d'être abattus en 2005-2006.

Il ne donne aucune indication sur le chiffre susceptible d'être retenu. Un "éleveur particulièrement attaqué (...) pourra être autorisé pendant une période n'excédant pas trois semaines à effectuer des tirs de défense à proximité de son troupeau", selon le texte. Le projet fait droit à une revendication ancienne des éleveurs d'ovins. S'il est validé par les ministres, ce serait la première fois qu'un éleveur ou un berger pourrait pratiquer des tirs de défense, selon des sources gouvernementales.

Le loup est un animal protégé par le droit international (Convention de Berne, 1979) et européen (directive Habitats, 1992) et les arrêtés français d'application (17 avril 1981 et 10 octobre 1996). Le protocole cite des dérogations prévues par ces textes, selon lesquelles la "capture ou la destruction" d'un ou plusieurs animaux protégés est possible, lorsque l'état de conservation de l'espèce est "favorable", les dégâts (aux élevages) sont "importants" et "il n'existe pas d'autre solution satisfaisante".

Le document souligne que les mesures d'effarouchement du loup seront mises en oeuvre "en priorité". Il fixe des conditions précises aux tirs à balle réelle ou aux piégeages du loup, qui ne pourront avoir lieu que si "au moins trois attaques successives" ont eu lieu sur un troupeau en l'espace de trois semaines.

L'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) sera "responsable de l'organisation de l'ensemble du prélèvement", c'est-à-dire des opérations de mise hors d'état de nuire du prédateur. Il pourra être aidé par des chasseurs. L'éleveur attaqué, "ou toute personne désignée par lui", ne pourra intervenir qu'"à l'occasion de tirs de défense" autorisés par le préfet et seulement "à proximité de son troupeau".

Il agira "sous le contrôle de l'ONCFS". Le protocole s'appuie sur une étude de cet établissement public, selon laquelle la population française de loups a augmenté annuellement de 10 à 20% entre fin 2001 et fin 2004 et pourrait atteindre actuellement 80 à 100 individus sur les neuf départements des Alpes françaises. Le protocole vise en priorité 16 "zones de présence permanente" où vivent quelque 43 loups plus ou moins sédentarisés, selon l'ONCFS, et où se produisent la plupart des attaques. Il prévoit toutefois des "tirs de défense pouvant aboutir à un prélèvement" dans de nouvelles zones de colonisation du loup.

Présenté pour la première fois le 2 juin au Groupe loup du CNPN, le projet a donné lieu à de vifs échanges entre éleveurs et défenseurs de l'animal, selon plusieurs participants. Le gouvernement a promis de "retravailler" le texte dont les écologistes ont dénoncé les "ambiguïtés". A l'appui de son initiative, il relève que les opérations 2004 de l'ONCFS ont coûté quelque 180.000 euros pour aboutir à l'abattage de deux loups, soit moitié moins que le quota fixé officiellement pour l'an passé.

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